Terriblement présents
J'ai comblé une de mes inombrables lacunes en matière de littérature : je viens de lire le roman de Philippe Besson En l'absence des hommes. L'offrande des corps, La séparation de corps et A corps perdus ; trois parties qui découpent une progression sensible dans l'ouverture du narrateur Vincent sur le reste du monde. Il y raconte son histoire passionnelle avec un jeune soldat en permission, Arthur, alors que la Grande Guerre fait rage. Il confie aussi son amitié grandissante et platonique avec un Marcel asthmatique à moustaches qui ressemble étrangement à un romancier dénommé Proust. Philippe Besson nourrit sa prose épurée d'une telle sensibilité qu'il serait inhumain de ne pas se laisser gagner par l'émotion pendant cette lecture. Ce roman est réellement boulerversant. Et j'ai trouvé ces trois hommes, en l'absence de ceux qui sont sur le front, terriblements présents.
"Je ne suis pas pervers. La perversité exige des efforts que je ne suis pas disposé à accomplir. Il y a dans la perversité quelque chose d'actif, de volontaire qui n'est pas dans mon caractère. Je ne cherche pas à peser sur les événements. Je les laisse survenir."
En l'absence des hommes, Philippe Besson, Julliard, 2001, Pocket, 2004.